La route goudronnée, en provenance de Turrialba, s’arrête ici. À cette intersection aux allures mystérieuses, à l’image d’un temps qui se scinde en deux. Elle laisse place à un sinueux chemin de terre qui conduit aux portes de la luxuriante forêt pluvieuse. Désormais, succèdent aux champs de café ceux de canne à sucre, avant de parvenir au coeur d’un village, nommé Esperanza. Lieu dit peuplé d’une trentaine d’habitants, non loin du volcan actif de Turrialba. Peu d’individus cohabitent ici, leur activité principale est l’agriculture. Avec une sonorité pareille l’on pourrait envisager un lieu idyllique, où l’humain serait en symbiose avec la nature et en harmonie avec lui même ; il est pourtant question de subdivision et de hiérarchisation.
Prépondérance des gringos (américains) sur les ticos (costa ricains) au même titre qu’une domination s’exerce de la part de ces derniers envers les indigènes. Chacun épris de domination sur l’autre. Simultanément interdépendant. Quotidien d’une journée de travail au sein de la ferme, dirigée par l’unique couple d’américains. Désherber des parcelles entières à la main, au coeur de la jungle, replanter, couper les cannes à sucre, nourrir les bestiaux…Routine débutant à 5h du matin se poursuivant jusqu’à 14h, 6 jours sur 7, pour les employés. Obéir à une certaine directive pour pouvoir se nourrir, telle est la réalité.
À en croire leurs témoignages, ticos comme indigènes se réjouissent de leur travail, aussi éprouvant soit-il. Ce dernier leur assure un minimum de revenu qui leur permet de survivre ; dans la précarité. Malgré une liberté biaisée, leurs conditions de vie se sont améliorées depuis la venue des gringos au sein de la finca (ferme).
Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées ; ainsi va la vie au coeur du petit village d’Esperanza.
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