Le travail physique de l’éleveur sollicite de façon quotidienne tous les membres corporels. L’activité au puits en reste un exemple éloquent. Amorcer à la main, achever avec une pompe. Accroupis, tendus, flexion-extension des jambes, sollicitation mécanique des bras… les mains fragilisées par la corde, le visage brûlé par le soleil et sa permanente réverbération. C’est à travers ces efforts physiques, ces conditions de travail, que Gundo récolte ce qu’il nomme « le bijou du Gobi » en évoquant l’eau de ce paysage semi désertique de l’ouest mongol dans le département de Jinst. Cette dépense énergétique éprouvante pousse Gundo -53 ans- à affirmer qu’à titre comparatif « la poussière et le vent ne sont pas des problèmes ». La fatigue physique se fait ressentir mais il ne l’exprimera pas, la brise du vent insuffle la ténacité. Il soulignera seulement que la saison printanière est la plus laborieuse : variations climatiques dans la journée, manque d’eau, naissances et récolte des laines.
Gundo et sa famille vivent actuellement à Ovoot Tsagaan, un lieu sans rivière. Le puits de proximité se trouve à 6 km du campement. Il a été creusé à la main par les éleveurs du hameau en 2012, rénové en 2017 via un soutien financier de l’ONG française, AVSF. Sa profondeur est de 10 mètres. Au printemps, Gundo réitère cette opération tous les deux jours. Cinq familles se partagent ce puits, pour un total de 4 000 têtes de bétail. Gundo en possède 928. « Un roulement s ‘opère mais les horaires sont difficilement respectés » clame t-il. Ce qui oblige à attendre, en pleine chaleur, que le puits se remplisse partiellement, environ 30 minutes. Il se vide intégralement toutes les 1000 têtes, il faut ensuite attendre 12 heures pour qu’il soit à nouveau complètement plein. À cette saison tout le troupeau n’est pas conduit mais uniquement les chèvres et moutons.
De par nature, l’eau n’a pas besoin d’être abondante au sein de ce biotope. Les arbustes et le sol conservent l’humidité. Toutefois le constat reste unanime : la sècheresse se fait ressentir encore cette année. « Jusqu’au 6 mai il n’y a pas eu d’eau » note Gundo. Le 6 mai il a plu l’équivalent de « 3 doigts », suffisant pour qu’à la fin de ce même mois, la flore repousse doucement.